Sur les falaises littorales de la Réunion, l’association Nature océan Indien se mobilise pour le gecko vert de Manapany. Son nouveau projet devrait éviter la disparition programmée de cette espèce endémique grâce à un programme de conservation sur cinq ans.
Un déclin critique
Présent à l’état sauvage exclusivement à La Réunion, le gecko vert de Manapany y évolue sur un territoire de 5 km², au sud de la commune de Petite-Île. Il y est suivi depuis 2015 avec un constat sans appel : en quelques années, ses populations ont chuté de 66 %. Aujourd’hui, seuls 83 adultes subsistent. Un effondrement dont les causes certaines restent inconnues, les hypothèses actuelles portant sur les effets du réchauffement climatique et sur l’impact des espèces exotiques envahissantes. En dépit de deux plans d’action nationaux, les geckos réunionnais pourraient disparaître définitivement d’ici 2026.
Prélever pour réintroduire
Pour enrayer le déclin de l’espèce, le gecko vert de Manapany a fait l’objet d’un élevage conservatoire lancé en 2020 : 39 geckos élevés en captivité ont été relâchés dans la nature afin de renforcer les populations adultes. Une intervention essentielle, mais insuffisante si elle n’est pas poursuivie. C’est pourquoi Nature océan Indien entend prolonger l’élevage conservatoire de cinq ans, grâce au soutien financier de l’Office français de la biodiversité à travers son jeu Mission Nature. Quarante juvéniles ont été ainsi prélevés pour être élevés en captivité temporaire, en attendant leur réintroduction en milieu naturel à l’âge adulte.
Cinq ans d’élevage pour cinquante ans de survie
À travers ce projet étendu jusqu’en 2029 et couvrant plusieurs générations de geckos, l’association vise une prolongation de cinquante ans de leur survie à l’état sauvage. Engagée depuis 2012 dans des travaux de restauration écologique sur trois hectares, elle compte également poursuivre ses actions de lutte contre les prédateurs et de restauration de l’habitat naturel afin de réduire les menaces pesant sur le gecko vert de Manapany. En attendant, peut-être, une solution pérenne : grâce à un suivi intensif des populations réintroduites, Nature océan Indien espère identifier les causes de leur déclin.